Quatre membres de Coopaparis ont visité le 15 août dernier la coopérative dionysienne DionyCoop à Saint-Denis (93) (Marie-Jo Delvaux, Isabelle Carrère, Pascal Limousin, Laurence Bourgade). Récit en images.
Une coopérative alimentaire à Saint-Denis
Dionycoop est installée depuis juin 2015 dans un local de 80m2 au rez-de-chaussée d’un HLM des années 1920. Cet ancien logement loué par la ville de Saint-Denis abrite la boutique, une cuisine et une petite pièce pour le règlement des achats (où étaient installés les trois permanents le jour de notre visite). Il existe un autre lieu, que nous n’avons pas visité, dédié à la distribution de l’Amap et autres activités variées : bibliothèque, atelier vélo, projections de documentaires etc.
Sa création et son fonctionnement
Dionycoop a été créée dans la suite de l’Amap Court-circuit qui est toujours en activité et par laquelle les Amapiens commandent légumes, fruits, œufs et pain.
Le but recherché en créant cette coopérative était d’étendre la gamme de produits et environ 500 références sont proposées aujourd’hui. La coopérative se revendique indépendante, autogérée, sans existence juridique et ne tient pas d’assemblée générale. Malgré cela, elle organise des réunions pour les grandes décisions et fonctionne avec des commissions un peu comme à Coopaparis : commission administration, commission finances dont les membres doivent être renouvelés tous les deux mois.
Les membres de Dionycoop sont pour moitié des Amapiens et des gens du quartier ou de la ville de Saint-Denis. Ils sont actuellement 160. Une adhésion annuelle de 20 euros (à date fixe : de juin 2015 à juin 2016) qui sert à payer le loyer, les charges et l’assurance, payée par chèque sur un compte appelé Dionyversité coopérative. Aucune marge faite sur les produits : les produits sont vendus au prix d’achat.
Adhésion et participation
Dionycoop n’utilise pas l’outil internet pour fonctionner : l’adhésion est une feuille de papier remplie et signée, une feuille de compte est alors ouverte qui comprend d’un côté les montants portés au crédit par chèque, et de l’autre le montant des achats.
Il n’y a pas de participation minimale demandée, un cahier papier est disponible en boutique et rempli par les adhérents qui s’inscrivent aux permanences en indiquant son nom et son numéro de téléphone. Depuis l’ouverture en juin dernier, toutes les permanences ont été remplies et s’ils ne sont pas assez nombreux, c’est simple, la boutique n’ouvre pas ! Si la personne chargée d’une livraison ne vient pas, cela engage sa responsabilité : elle doit s’arranger avec le livreur. L’ensemble est donc fortement basé sur la responsabilité de chacun au sein de la coopérative. Si un coopérateur s’occupe d’un produit, il le fait depuis le choix du produit à la mise en rayon en passant par la livraison.
Les achats
Les achats se font différemment de chez nous. Pas de caisse en boutique. Chaque coopérateur effectue à l’avance un chèque d’un montant minimum de 50 euros sur un compte appelé Dionyversité pour régler ses achats. Quand il fait ses courses, il calcule devant les permanents le total et l’inscrit sur sa fiche. Il n’y a aucune espèce en circulation – tout se fait par chèque et en avance. Ce principe a aussi été choisi pour sa simplicité et aussi pour ne pas avoir d’argent dans le local.
Les produits et les modes d’approvisionnement
Dionycoop a choisi deux modes possibles pour se fournir : directement au producteur (on en compte une dizaine pour le moment), soit par trois intermédiaires : Basebio (Montauban), Andines (Saint-Denis), Terra libra (Thorigné en Ille-et-Vilaine).
La relation directe au producteur est prise en charge par un adhérent. Celui qui trouve un produit s’occupe de tout : depuis le choix des produits, la quantité, la commande, la livraison, jusqu’à la mise en rayon et au réapprovisionnement. Parfois, il va les chercher lui-même avec sa voiture ou celle d’un autre membre. La commission Finances valide seulement le montant en fonction de la trésorerie disponible et des autres commandes, et paie la facture à la commande.
Chez les trois grossistes, la coopérative achète les produits d’entretien, des produits transformés et des produits exotiques. Chez Basebio, ils prennent les produits d’entretien; chez Andines : du riz, du sucre de canne, du cacao; chez Terra libra : du café Palomar, du sucre de canne, de la bière…
Mais ce ne sont pas forcément des produits bio. Ce sont en fait des produits secs, en sachets, et il n’y a pas de vrac pour le moment car ils n’ont pas de balance pour pouvoir gérer le vrac. Pour les produits frais, la boutique n’a pas de réfrigérateur, les coopérateurs font donc une commande groupée que les adhérents viennent chercher le jour de la livraison.
Communication
Dionycoop a deux listes de diffusion pour toucher ses adhérents : une liste de diffusion qui envoie deux infos par mois environ et une liste de discussion de 500 personnes (depuis la création de l’Amap) qui sert d’échange de services : « J’ai besoin d’une voiture, d’un outil, qui peut me prêter ? » Vous pouvez lire un article sur la coopérative sur le site de l’Amap.
Travailler ensemble ?
Nous avons parlé de synergies possibles entre DionyCoop et Coopaparis. Comme regrouper des commandes afin de limiter les frais de transport (à deux coopératives, nous pourrions atteindre plus facilement le franco de port ou convaincre de petits producteurs de faire le déplacement). Si Diony Coop se charge de la réception des commandes, il faudra tout de même aller rue de la Ferme rapatrier dans le 18ème certaines de nos commandes (environ un quart d’heure en voiture par la nationale 1).
On pourrait aussi grouper nos commandes de fruits : l’Amap Court-circuit et DionyCoop font chaque année des commandes d’abricots. Et Coopaparis fait des commandes de raisins et de jus de raisin avec UnisVersLocal en septembre.
Voici l’impression de Pascal de Coopaparis : « Ce qui m’a plu à DionyCoop, c’est la diversité de l’offre. Le nombre de références est facilité par l’achat à des centrales d’achats. Mais cela est vu comme une situation temporaire. Pour chaque produit acheté dans une centrale d’achat, si un produit équivalent venant d’une petite production est proposé, alors il y a substitution au profit du petit producteur. Inversement, si le petit producteur ne fait plus l’affaire ou que l’adhérent qui s’occupait de ce produit ne le fait plus, alors DionyCoop recommande à la centrale ».
« Si Coopaparis s’agrandit, il serait bien d’étoffer un peu la gamme de nos produits. Et par Andines pour les produits exotiques comme le café, le sucre, etc. Cette coopérative d’achats également basée à Saint-Denis a fait un gros travail sur le choix de ses fournisseurs, car Coopaparis n’a ni les moyens, ni l’ambition de refaire le travail de sélection des producteurs situés aux quatre coins du monde », continue Pascal.
Isabelle pense aussi « qu’on peut faire des choses ensemble, s’agissant des commandes et des références produits ; on a parlé de mettre en contact les référents produits chez nous avec les leurs et de voir comment cela réagit. Si des gens de DionyCoop sont intéressés par des produits que nous référençons, on pourra alors organiser des commandes communes. Et vice versa. Tout en conservant nos propres choix et principes politiques ou en les réinterrogeant ! »
Merci en tout cas à DionyCoop de nous avoir réservé cet accueil chaleureux.
Texte et photos de Laurence Bourgade
Diony Coop, 2 rue de la ferme, Saint-Denis (93)
Contact : Jean-Claude RICHARD barijo@wanadoo.fr ou 06 44 36 25 32
Horaires : Lundi 18-21h et samedi 10h30-13h30